Donner du feedback sans blesser, recevoir sans se braquer. Écouter. Dire. Grandir.
Il y a des mots qui peuvent faire peur, et le feedback en fait souvent partie. On imagine la critique, le malaise, la remise en question inconfortable. Ce mot, trop souvent, fait lever les yeux aux ciel ou crisper les machoirs. Parce que nous le confondons avec une réprimande. Parce que nous l’avons mal reçu. Parce qu’il a été mal donné. Pourtant, le feedback peut nous transformer ; que ce soit dans nos relations, notre manière d’apprendre ou notre capacité à faire équipe. Alors, comment le donner et comment le recevoir, ce fameux feedback ?
Les critères d’un bon feedback: ni un compliment vague, ni une critique déguisé, ni un jugement, ni une vérité absolue
Donner un feedback, ça ne s’improvise pas. Il ne s’agit ni de flatter, ni de faire des reproches, mais d’offrir à l’autre une observation claire, utile et ciblée, dans un cadre respectueux et constructif. Un bon feedback s’appuie sur des faits concrets : on parle de comportements observables, pas d’interprétations, d’intentions imaginées/ prêtées/ hallucinées ou de jugements personnels.
Quelques principes fondamentaux à garder en tête concernant le feedback :
- Il est basé sur l’observation de faits concrets, observables et vérifiables. Sur ce qui se voit et s’entend : pas sur ce que je crois, ressens ou imagine.
- Il utilise un langage descriptif, orienté vers les comportements, pas les jugements.
- Il reste neutre : pas d’interprétations personnelles, pas d’émotions projetées.
- Il est précis, clair, direct, sincère, mais jamais brutal.
- Il est constructif : il propose des pistes d’amélioration concrètes, sans tomber dans le conseil non sollicité.
En somme, le feedback est un cadeau relationnel, pas un coup de pression. Il est là pour soutenir l’autre, pas pour soulager celui qui parle. Donner un feedback, ce n’est pas balancer ou lâcher une « vérité », c’est prendre soin du lien tout en mettant en lumière un angle aveugle.
Le pseudo-feedback
« Je vais te dire ce que je pense » → Ce n’est pas du feedback.
« Tu devrais… » → Ce n’est pas du feedback.
« Tu me saoules quand tu fais ça » → Non, vraiment pas.
Rappelons-le ! Le feedback, ce n’est ni un défouloir, ni un conseil déguisé, ni un jugement emballé. C’est une offre d’ajustement. Une invitation à grandir. Une porte ouverte vers l’évolution
La recette d’un bon feedback ? Le sandwich
Afin que le message passe, touche et fasse grandir, une approche simple et efficace pour structurer un feedback constructif est la méthode sandwich. Comme un bon repas, un bon feedback se digère mieux avec une entrée et un dessert positif.
- Commencer par une appréciation positive spécifique (« J’ai apprécié quand… »),
- Proposer un axe d’amélioration (« Tu aurais pu aller plus loin sur… »),
- Terminer sur une note positive générale (« De manière générale, j’ai aimé quand… »).
Résultat ? Un message plus facile à entendre, plus digeste, motivant et qui donne envie de s’améliorer. Ce format, aussi appelé « sandwich de feedback », favorise une réception plus ouverte et bienveillante.
Comment recevoir un feedback, alors ?
Le feedback ne se limite pas à savoir le donner. Il faut aussi savoir le recevoir. Et ce n’est pas toujours simple. Recevoir un feedback déclenche parfois des réflexes défensifs : on se justifie, on minimise, on rejette. Recevoir un feedback, c’est cheminée en 6 étapes et basculer du besoin d’avoir raison vers l’envie d’apprendre. Et c’est là que la magie opère.
Le chemin du feedback,
- Ignorer: “ Il exagère”
- Se défendre: « Mais c’est pas vrai ! »
- Juste écouter: « Bon… je vais écouter. »
- Accepter: « OK, c’est pas faux. »
- Accueillir: “Merci”
- Rechercher activement le feedback comme levier de développement: « Je veux en savoir plus ! »
Passer du besoin d’avoir raison au désir d’apprendre, c’est toute une transformation. C’est accepter que l’autre puisse m’aider à grandir, sans que cela remette en cause ma valeur.
Feedback et partage, ce n’est pas pareil
Le feedback n’est pas un partage.
Un partage, c’est parler de soi, de son ressenti, de sa perception. Il est subjectif. Un feedback, c’est parler de l’autre, de ce que l’on a observé chez l’autre, avec une intention claire : faire progresser, soutenir, accompagner. Il est au service de l’autre, ancré dans le réel. La confusion entre les deux peut nuire à la relation. L’intention du feedback est de clarifier, pas de projeter. L’enjeu du feedback : ne pas parler de soi, mais offrir à l’autre. Pas pour avoir raison. Pour qu’il ou elle puisse grandir.
Donner un bon feedback, c’est un art. Le recevoir, c’est une posture. Entre clarté, écoute et bienveillance, le feedback devient une véritable opportunité d’évolution mutuelle. Chez EMANCIPE, nous en faisons un outil pédagogique central, au cœur de nos formations, pour encourager des relations authentiques et responsables.