La colère : ennemie, alliée ou simplement boussole qui éclaire nos besoins
On la redoute, on l’étouffe. On la juge trop bruyante, trop violente, trop dérangeante, et si la colère n’était finalement pas une ennemie mais une boussole intérieure ? Mira Vanden Bosch, enseignante certifiée en Communication NonViolente (CNV), nous invite à lui redonner sa juste place : la comprendre, l’apprivoiser et la transformer. Marshall Rosenberg, fondateur de la CNV, le rappelle avec justesse : « Au cœur de toute colère, il y a un besoin qui n’est pas satisfait. » En soi, la colère n’est pas un débordement dangereux, c’est une alerte, une énergie vitale, un cri du corps et du cœur qui dit : « Regarde, ici quelque chose d’important n’est pas entendu. » Et si nous osions enfin l’écouter ? Pas pour la redouter, mais pour nous laisser guider par ce qu’elle révèle de plus profond en nous.
« La colère est vitale. C’est cette énergie au service de ma vie. Une alerte, une alarme, une sonnette d’alarme, la colère, qui vient manifester un appel d’attention particulier à mes besoins, à nos besoins, » Mira Vanden Bosch
La colère, une émotion mal aimée
Ce sont sans doute des phrases que nous connaissons tous, et que nous avons mainte fois entendues : « Ne te mets pas en colère », « Calme-toi », « Ce n’est pas joli de s’énerver ». Au même titre que la joie ou la tristesse, la colère fait partie de notre palette et paysage émotionnel. Toutefois, nous avons tendance à confondre la colère avec la violence, avec une perte de contrôle. Brute, la colère n’est pourtant pas là pour détruire. Elle n’est qu’un messager. Elle surgit quand un besoin vital en nous n’est pas entendu et respecté. Elle nous signale que quelque chose réclame soin, reconnaissance, attention.
« La colère est le résultat d’une pensée aliénante, déconnectée de nos besoins, » Marshall Rosenberg. Nous ne sommes pas mis en colère par les autres, mais par nos propres besoins et pensées. La colère est un voyant qui s’allume pour signaler un besoin non satisfait.
Un signal vital, un cri du coeur et du corps: Ici, quelque chose d’important n’a pas été entendu, écoute !
« La colère, c’est une manifestation au service de ma vie : heureusement que je l’ai, elle me protège, elle me permet d’avoir des réactions de survie, Mira Vanden Bosch
La Communication NonViolente nous rappelle que derrière chaque éclat, chaque tension, se cache une demande de respect, de sécurité, d’appartenance ou de justice, etc. La colère n’est qu’un signal sonnette d’alarme qui met en lumière un besoin non nourri. Elle nous pousse à dire : « Voilà ma limite. Voilà ce que je ne peux plus accepter. » Elle trace des frontières qui protègent notre intégrité.
Elle hurle à l’intérieur jusqu’à ce que j’en prenne soin non pour me détruire, mais pour m’inviter à écouter, Mira Vanden Bosch
Entre répression et débordement : trouver le bon équilibre
« Quand j’apprends à la reconnaître, la colère devient un élan de vie, une énergie créatrice plutôt qu’un fardeau. Derrière chaque colère, il y a un appel à la relation : une main tendue pour que l’on regarde ensemble ce qui compte vraiment. Elle peut faire de moi un partenaire du désaccord, sans jugement ni punition, » Mira Vanden Bosch
Face à la colère, deux écueils nous guettent: l’étouffer ou la laisser déborder, choisir entre le silence et la violence. Aucune de ces deux stratégies n’est à recommander. Réprimer sa colère, c’est étouffer et ne pas respecter un de ses besoins. La laisser exploser sans filtre, c’est potentiellement blesser ou détruire.
Comment écouter le message de la colère, sans la laisser nous emporter ? Le chemin se trouve dans notre capacité à écouter la colère sans s’y perdre. D’entendre ce qu’elle dit sans la transformer en arme. D’accueillir son feu comme une flamme qui éclaire, plutôt qu’un incendie qui consume.
Une autorité saine ne cherche ni à écraser ni à imposer. Nommer ce qui se passe en soi tout en reconnaissant ce que vit l’autre, c’est ce comportement qu’il est essentiel de nourrir. La colère peut alors devenir un outil de clarté qui trace des limites, qui dit « non », tout en respectant la relation.
La colère, cette invitation à la relation (authentique)
La colère nous rappelle ce qui est essentiel pour nous et nous invite à l’exprimer, elle parle de nos manques, de nos fragilités, de nos désirs d’être rejoints quelque part. Elle devient une invitation au dialogue : « Voilà ce qui est vivant en moi. Et toi, qu’est-ce qui vit en toi ? »
Accueillir sa colère, c’est apprendre à (se) dire avec honnêteté : « Voilà ce qui est touché en moi, voilà ce dont j’ai besoin. » Et c’est, en même temps, reconnaître la frustration ou la douleur de l’autre. Lorsqu’elle est entendue, la colère cesse d’être un mur et se transforme en pont. Elle devient une force de vérité, une occasion de rencontre. La colère n’est pas là pour couper le lien, bien au contraire.
Une force à apprivoiser
La vraie question n’est pas : « Comment étouffer ma colère ? »
Elle est : « Quelle vérité cherche-t-elle à me révéler ? Car parfois, rien de tel qu’une bonne colère en CNV pour se changer soi et faire changer les choses ! »
Car derrière chaque colère, il y a une aspiration ardente : être reconnu, respecté, relié…Signal intérieur qui pointe nos besoins les plus essentiels, elle nous confronte à nos limites et nous invite à poser un cadre clair qui peut, si nous savons l’écouter, devenir un tremplin vers des relations plus authentiques.
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