Frustration : l’émotion qui cogne aux portes du réel
Un projet qui stagne. Une réunion qui dérape. Une demande qu’on ne pourra pas satisfaire. Une règle qui change. Une contrainte institutionnelle qui tombe, encore. Et l’émotion monte. Partout où nos attentes se heurtent au réel, ça accroche, ça frotte, ça tiraille Invitée surprise, la frustration ne s’annonce jamais. Elle ne frappe pas à la porte: elle entre et elle nous bouscule. Elle ne demande pas la permission: elle s’impose et elle nous secoue. Elle dévoile nos attentes et tout ce que la réalité ne nous donne pas. Que fait-on de tout ça ?
La frustration: on fait avec, ou pas…
Elle n’impressionne pas comme la volcanique colère.
Elle ne tremble pas comme la terrifiante peur.
Elle ne fait pas éclater comme la sombre tristesse.
Non : la sournoise frustration, elle, ronge doucement, et sûrement.
On parle volontiers de colère, de stress, d’anxiété. Quid de la frustration ? Souvent, on la range dans un coin et on « fait avec ». On serre les dents. C’est comme ça, et pas autrement, et même si ça me ronge, je ronge mon frein.
Dans le secteur du social, de l’éducatif, du soin, de la coordination d’équipe, etc. la frustration est partout. Néanmoins, elle reste taboue. Car elle dérange. Elle expose notre vulnérabilité : nos besoins, nos limites, nos élans et nos impuissances. Alors, on la camoufle. Comment ? En humour, en “faux calme” et en phrases un peu rapides et lapidaires : « Oui oui, c’est bon, je gère. » Toutefois, à l’intérieur, quelque chose continue de cogner et de cogiter.
Faire face ? Cet écart et cet espoir: la réalité telle qu’elle est, et telle qu’elle pourrait être
La frustration n’est pas un défaut de caractère, ni un manque de patience. Elle est ce moment précis où ce que nous voulons rencontre ce qui est possible. Une tumultueuse rencontre entre idéaux et contraintes. Entre convictions et cadres. Entre mission et réalité du terrain.
La frustration raconte le récit de nos valeurs, de nos exigences et de notre engagement. Elle rappelle ce qui compte pour nous. Notre feu intérieur. Et elle nous rappelle la règle, la loi, les contraintes de nos organisations et de notre société. Comment parvenir à regarder la réalité pour ce qu’elle est, tout en n’arrêtant jamais d’essayer de la transformer en ce qu’elle devrait être ; un précaire exercice ou posture d’équilibriste.
Quand la frustration envahit le travail
« Pourquoi n’avons-nous pas pu faire autrement ? », « Pourquoi cette demande reste encore sans réponse ? » « On manque de moyens. » « On voudrait faire mieux. » « On ne peut pas répondre à tout. »
Au travail, la frustration s’infiltre : dans les couloirs, dans les plannings, dans les réunions d’équipe, dans ces discussions autour de la machine à café. Elle fatigue. Elle use. Par trop d’attentes déçues, elle peut même devenir amertume, cynisme et retrait ou désengagement.
C’est ici que le rôle de manager, de coordinateur, de responsable, devient un art: tenir le cadre sans s’effondrer dedans. Garder sa posture tout en restant humain. Accueillir ce que les équipes vivent, sans le porter à leur place.
Apprivoiser la frustration : une compétence, pas un miracle
On ne supprime pas la frustration. On apprend à la décoder, à la nommer, à la canaliser. Pour, ensuite, la transformer en boussole plutôt qu’en poison. C’est un art, et surtout une posture.
Manager la frustration, c’est apprendre à : reconnaître l’émotion au moment où elle surgit, comprendre ce qu’elle révèle, poser des limites claires, distinguer ce qui dépend de soi de ce qui ne dépend pas de soi, protéger son énergie pour éviter l’épuisement, soutenir les équipes sans s’y dissoudre.
Notre formation est pensée pour les personnes qui doivent « garder le cap » envers et contre tout (ou tous). Pour celles et ceux qui naviguent entre l’institution et le terrain. Entre les besoins et les contraintes. Entre la volonté de bien faire et l’impossibilité de tout faire.
Conclusion : la frustration, cette alliée paradoxale
La frustration est un passage : un endroit où l’on peut choisir de se débattre ou transformer. Entre le « vouloir » et le « pouvoir », elle devient un espace de lucidité qui nous invite à reconsidérer nos limites, nos attentes, nos cadres, nos repères.
Cette thématique vous intéresse ? Découvrez notre formation: « Manager la frustration » ; la comprendre, l’apprivoiser et tenir le cadre sans s’épuiser.
Une journée pour respirer, clarifier, ajuster, et retrouver de l’élan.



















