Pourquoi sommes-nous si mauvais pour confronter nos idées ? Pourquoi sommes-nous si mauvais lorsqu’il s’agit de débattre ? Pourquoi sommes-nous souvent si inefficaces lorsqu’il s’agit d’évaluer des arguments ? Surtout, comment changer et nous améliorer ?

Pendant les débats, les échanges ne sont, souvent, pas très constructifs: chacun défendant son point vue, sans vraiment ni écouter ni comprendre la position adverse. Pendant que l’un parle, l’autre fomente son discours. Finalement, ce qu’on entend ce sont deux monologues. Une joute verbale rarement intéressante et pertinente. Aussi, lorsque le débat devient interne, lorsque nous débattons avec nous-mêmes, « nous sommes assez mauvais pour évaluer des arguments, pour raisonner et nous former une opinion éclairée, » comme le souligne David Louapre, youtubeur, dans sa vidéo “Comment j’essaye d’améliorer mon jugement”. Et qui nous parle d’un livre qu’il a récemment lu: « The Scout Mindset » écrit par Julia Galef.

Co-fondatrice du Center for Applied Rationality, écrivaine et conférencière, Julia Galef est une podcasteuse américaine qui s’est spécialisée dans la rationalité appliquée et qui tente de répondre à cette question: comment faire en sorte de raisonner de manière plus efficiente ? Ce que propose Julia c’est « une approche très pragmatique, » simple, avec des trucs et astuces afin de nous aider à mieux réfléchir, à mieux penser.

Le livre de Julia, « The Scout Mindset« , est construit autour d’une métaphore militaire: celle de l’éclaireur (The Scout). « Je voudrais que vous imaginiez que vous êtes un soldat dans le feu de la bataille, » explique Julia pendant une conférence TED, avant de renchérir: « Vous êtes peut-être un légionnaire romain, ou un archer médiéval, ou encore un guerrier Zoulou. Ni la date et ni le lieu ne sont importants, il y a des choses qui sont constantes. Votre taux d’adrénaline est élevé et vos actions découlent de ces réflexes profondément enracinés. Des réflexes enracinés dans le besoin de vous protéger, vous et votre camp – et de vaincre l’ennemi. Maintenant imaginez-vous endossant un rôle très différent: celui de l’éclaireur. Le rôle de l’éclaireur n’est ni d’attaquer, ni de défendre. Son rôle est de comprendre. L’éclaireur est celui qui cartographie le terrain, identifie les obstacles potentiels (…) avant tout, l’éclaireur veut connaître la situation aussi précisément que possible. Dans une véritable armée, le soldat et l’éclaireur sont tous deux essentiels. Mais on peut aussi voir ces rôles comme des états d’esprit. Une métaphore de notre manière de traiter l’information et les idées dans nos vies au quotidien. Ce que je vais soutenir aujourd’hui, c’est qu’avoir un bon jugement et faire de bonnes prévisions, afin de prendre de bonnes décisions dépend essentiellement de l’état d’esprit dans lequel vous êtes. »

Dans l’armée, le rôle de l’éclaireur est donc d’aller sur le terrain pour l’appréhender tel qu’il est, au plus près de la réalité. Comment est l’environnement ? Y a-t-il une rivière ? Y a-t-il des ponts ?, etc. Un éclaireur voit (ou tente de voir) les choses telles qu’elles sont et les rapportent le plus fidèlement possible à son armée. En d’autres termes: il établit une carte qui se veut une version fidèle du territoire visité.

En PNL – programmation neuro-linguistique – un postulat explique que la carte n’est pas le territoire. La carte correspond à la représentation que l’on se fait du monde (notre perception), et le territoire est le monde tel qu’il est réellement (la réalité). Chaque personne possède sa propre vision du monde, qui est donc unique et différente d’un individu à l’autre. Il y a un seul territoire et une infinité de cartes. Il y a une réalité, et plusieurs perceptions de celle-ci.

Au lieu d’imposer notre carte du monde, et si nous la mettions à jour, afin de nous rapprocher un peu plus de la réalité – du territoire. Et si nous nous comportions plus comme des éclaireurs. Car c’est un fait: lors de nos échanges, lorsque nous confrontons nos idées, nous nous comportons plus comme des soldats que comme des éclaireurs.

  • Mentalité du soldat: certaines informations / certaines idées sont nos alliés. Nous voulons qu’elles gagnent. Nous voulons les défendre. Tout autre information et idée sont des ennemies que nous voulons abattre.
  • Mentalité de l’éclaireur: volonté non pas de faire gagner ou de faire perdre un point de vue, mais uniquement de voir ce qui est, aussi honnêtement et précisément que possible, même si la réalité n’est pas jolie, commode, confortable ou agréable.

« Nous devons travailler sur nos émotions. Nous devons apprendre à nous sentir fiers, et pas honteux quand nous voyons que nous avons eu tort sur quelque chose. Nous devons apprendre à nous sentir intrigués, et pas menacés, quand nous sommes face à une information qui va à l’encontre de nos convictions, » explique Julia avant de rajouter: « A quoi aspirez-vous ? Aspirez-vous à défendre vos croyances, ou bien aspirez-vous à voir le monde aussi clairement qu’il soit possible ? »

Si vous souhaitez découvrir quelques trucs et astuces pour devenir un éclaireur et mettre à jour votre carte du monde, regardez la vidéo ci-dessous (et lisez « The Scout Mindset » de Julia Galef)