Sommes-nous prisonniers de nos vies ? Le roman graphique « Nos vies prisonnières » narre le parcours de vie de gens ordinaires qui s’interrogent sur leur existence: ma vie est-elle subie, ou choisie ? Est-ce la vie que je souhaite mener ? Ne me suis-je pas oublié ou égaré en chemin ? Ai-je été libre dans mes décisions ? Ai-je été fidèle à qui j’aspire à devenir ?

Vivre contre son gré, vivre une existence qu’on n’a pas choisi. C’est comme ça qu’on commence à mourir…

Julien Vigan est médecin généraliste, un métier qu’il n’exerce pas comme une vocation. Son souhait caché est d’écrire, de devenir écrivain. Un soir, une voix hurle dans le restaurant dans lequel il dîne avec sa femme: “y-a-t-il un docteur ?” Quelques instants plus tard, Julien se retrouve au chevet d’un pauvre monsieur, Jean-louis, qui lui fait promettre, avant de mourir, de porter à son fils un manuscrit – qui est en fait une longue lettre destinée à celui qu’il a abandonné il y a des dizaines d’années.

« J’ai fui au hasard, le plus loin possible, j’allais où on voulait bien m’emmener. J’ai utilisé ma carte bancaire quelques fois, pour acheter l’indispensable, mais je ne voulais pas vous dépouiller. Je ne pensais pas, j’avançais, j’essayais d’être le plus loin possible de moi-même. »

« Je t’écris, non pour m’excuser, car ce que j’ai fait est inexcusable. Je t’écris pour que tu ne suives pas mes traces, pour que tu vives, toi, en homme libre. Je t’écris pour te servir d’exemple à ne pas suivre. Je t’écris pour que ma trahison te serve au moins à ne pas répéter mes erreurs. Je t’écris pour que tu ne te laisses pas enfermer dans une vie qui n’est pas la tienne. Je t’écris pour te donner la force d’écouter ton coeur, de choisir et être fidèle ensuite à tes choix (…) Oublie-moi, mon fils, et va vers ta lumière. »

Jean-louis menait une vie parfaite: une femme, un fils, un toit et un bon boulot bien payé. Jean-louis suivait un plan de vie qui pensait être le sien: réussite professionnelle, argent, etc.  Jusqu’à ce qu’un événement lui fasse prendre conscience que cette existence n’était pas celle qu’il souhaitait vivre. Tout n’était qu’un simulacre, qu’un mensonge, qu’une supercherie: cette vie idéale n’était pas la sienne, ces ambitions de vie ne lui appartenaient pas. Ecrasé par une existence qu’il n’avait pas consciemment choisi, il craque et fuit en abandonnant son boulot, sa maison, sa femme et son enfant.

Oublie-moi et vis ainsi que je n’ai pas su le faire, trouve ta place dans le Monde, sois fertile et divers. Jubile, pleure, jouis et souffre, sois vivant, oublie-moi, terrasse la fatalité qui m’a écrasé, jette mon héritage

Chamboulé par ce témoignage avec lequel il entre en résonance – qui fait écho à sa vie subie actuelle – Julien décide de mener son enquête afin de retrouver ce fils. Une investigation qui va redessiner son chemin de vie…

Sommes-nous maîtres de nos propres vies ? Nous autorisons-nous à devenir maîtres de nos propres vies ? « Nos vies prisonnières » nous pousse à l’introspection et nous questionne sur le sens de notre vie, sur nos engagements et sur nos priorités. « Nos vies prisonnières » nous incite à suivre notre lumière, notre étoile, nos rêves. L’objectif n’est pas forcément de les atteindre, mais au moins d’essayer. Vivre une vie pleine de sens, vivre une vie qui est la sienne, vivre en ayant peu de regrets ou de remords…

Données techniques: « Nos vies prisonnières », scénario de Parno / dessins de Phil Castaza, février 2019, Bamboo édition, 144 pages